jeudi 19 juin 2008

Croatie 10

Lire La Vie sur le Mississippi de Mark Twain, tout en voyageant sur un voilier, c'est un peu comme lire Moby Dick en pêchant des sardines. Les deux tomes de ce livre sont exemplaires de la générosité absolue de l'écrivain. ce que Mark Twain partage, ce n'est pas seulement l'extraordinaire richesse de la navigation sur le Mississippi, ce n'est pas seulement le pittoresque, le folklore bourré d'anecdotes qui font l'histoire du fleuve, des bateaux qui le parcourent, des marins qui le pratiquent... Ce que le récit direct et sans fioriture de Mark Twain offre, c'est son enthousiasme, sa naïveté émerveillée qui, du début à la fin du récit, donne l'illusion au lecteur d'être à la fois un enfant, un apprenti, un aventurier, et surtout, d'être à bord.Pour le plaisir, un court extrait de ce livre fabuleux, édité en France dans la Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs. Dans le chapitre XVI, Twain évoque les courses de bateaux à aube. Avant le départ, les immenses bâtiments sont vidés de tout ce qui peut les lester et, donc, les retarder : les marchandises, mais aussi des pièces secondaires du bateau, et toute présence humaine superficielle... "On descendait à terre les "espars" et parfois même les mâts de charge qui les supportaient, et l'on ne gardait rien pour remettre le bateau à flot au cas où il s'échouerait. Lorsque l' Eclipse et le A. L. Shotwell se lancèrent dans leur grande course, il y a plusieurs années, on raconte que l'on avait pris la peine de gratter la dorure du panneau décoratif qui pendait entre les cheminées de l'Eclipse et que pour ce voyage-là le capitaine avait renoncé à ses gants de chevreau et qu'il s'était fait raser la tête. Mais j'en ai toujours douté.
(...)

On n'y acceptait pratiquement aucun passager, parce qu'ils ajoutaient du poids mais aussi parce qu'il "n'équilibraient" jamais le bateau. Ils ne cessaient pas de se précipiter du côté où il y avait quelque chose à voir, alors qu'un marin consciencieux et expérimenté serait resté au centre exact du vapeur et se serait fait la raie au milieu avec un niveau à bulle.
"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'autre jour, dans El Pais, y avait un article sur le dernier bateau à roue à aube du mississipi, qui va être détruit, pour des raisons de sécurité, ou d'économie, je sais plus. Le Golden Lady, ou un truc comem ça, qu'y s'appelle, le rafiot.
Accompagné d'un vieux dessin de bateaux faisant la course sur ce fleuve, au clair de lune. Si Mark Twain ne m'en avait pas parlé, j'aurais trouvé ça bizarre, comme course. Mais là ça m'a juste rappelé la Croatie... Merci Mark Twain.
Quand je lis le blog, je suis content d'avoir emmené tes yeux (et ta plume) avec moi/nous. Faudra le refaire.